Ma vie ? Ma vie est comme celle de tous. Faite de hauts et de bas. Telles des montagnes russes j’ai pris ma première descente en enfer alors que je n’avais que neuf ans. Mes parents, membres actifs de l’Ordre du Phénix ont refusé de céder face aux menaces à peine voilées. Malgré leurs sorts de protection, alors que je gardais mes quatre frères et sœurs, des mangemorts se sont introduits chez nous. Ils ont exécuté mon plus jeune frère devant mes yeux. Entendre les cris d’un enfant de trois ans résonner dans vos oreilles, ne pas pouvoir agir car il y a les autres à protéger…. L’impuissance, la douleur, le désespoir m’ont frappés. Puis la colère a grondé. Alors que mes parents se sont retirés de l’Ordre afin de sauver le reste d’entre nous, je suis rentrée dans la résistance dès que j’ai pu une fois à Poudlard.



Etre coupée pendant deux ans de chez moi, de tout contact direct avec ma famille, ça m’a fait revivre. Je voyais enfin la remontée. Ma colère ne s’était pas apaisée, mais j’ai su petit à petit me rouvrir aux autres, retrouver la personnalité flamboyante, amicale et vive qui était la mienne. C’est dans ma participation aux réunions que j’ai trouvé les personnes qui allaient me tirer vers le haut : les Blevins. Liam, le grand frère que je n’ai jamais eu qui révélait la lionne en moi, et Jeff, dont la tranquillité et le pacifisme m’apaisaient. Mais parce que tout sommet possède une descente, cette bulle rose a éclatée lorsqu’une fois de plus la mort est venue réclamer son dû.



Si l’assassinat de Liam par des mangemorts m’a affecté j’ai su rester forte ayant déjà connu le deuil. En revanche, elle a détruit Jeff et notre relation. Malgré tous mes efforts je ne parvenais plus à le percer, et le fait qu’il soit à l’extérieur de Poudlard ne facilitait pas le tout. Pendant ce temps, avec le reste des résistants, je sentais gronder la révolution. Nous n'avions qu'une hâte que cette tension explose, que les orphelins nouveaux puissent se venger. Que justice soit faite. Sur le terrain je savait pour qui j'allais me battre, ce frère de sang que j'avais à peine connu et ce frère de coeur qui m'avait formée. C'est dans le champ de bataille que je revis mon petit-ami. En sang. Pendant quelques jours je perdis de vue mon combat idéologique pour m'occuper de lui. Comme une lettre de suicide il m'annonça son infidélité. J'ai empêché l'émotion de prendre le dessus et me suis replongée dans la foule  où brillaient les centaines de couleurs entre les guerriers. J'ai appris un mois après notre victoire qu'il était parti en Bolivie avec notre ami commun Aemon. Sans rien dire, sans expliquer pourquoi il avait balayé trois ans de notre vie d'un revers de main. S'il avait ne serait-ce qu'été amoureux de moi. Plutôt que de me morfondre, je me suis battue de nouveaux pour mes idéaux.



L’avantage d’avoir risqué sa vie et d’avoir prêter main forte aux Phénix ont fait que le gouvernement d’Indali m’a proposé de suivre les études qui me plaisaient en m’assurant une place dans un service concordant. Autant dire qu’une fois de plus tout s’est arrangé pour le mieux. Contrairement à certains, j’approuvais la mise en place des sabliers. Je n’avais que trop vu les dégâts causés pas un usage abusif de la magie et la restreindre était à mon sens une contrainte utile et nécessaire. J’ai pendant ce temps retrouvé une place dans les bras d’un autre Serdaigle : Ewen. Mais comme un schéma répétitif, mon ascension s’est une fois de plus ralentie.



La chute d’Indali il y a deux mois m’a contrariée et a remis en question mon avenir. Je ne suis désormais plus assurée de trouver facilement un emploi grâce à mes contacts et j’ai fortement la sensation que la situation politique du monde de la magie est trop bancale. J’ai cette envie. Cette envie de faire entendre ma voix, tel que je l’avais fait lors de ma quatrième année, de me battre pour mes idéaux nouveaux.

 
« J’ai embrassé Alexis ». Je sais j’aurais pu mieux choisir mon moment qu’en plein milieu de la bataille de Poudlard. On peut être sacrément con quand on croit qu’on va mourir. Je me souviens encore de ton regard. Blessé, mais pas tellement surpris. Après quelques instants dans le silence tu as continué à stopper mon hémorragie puis tu es retournée te battre, défendre tes idées. Ce sont presque les derniers mots que je t’ai dit. Trois ans de relation envolés en sept syllabes. Exactement le même nombre que celles qui avaient lancé la machinerie : « son idée n’est pas si bête ». C’était l’époque d’antan, quand je volais au secours des gens et que nous partagions les mêmes idéaux de résistants. L’époque où Liam était vivant, l’époque où notre relation en était vraiment une et non pas cet espoir fragile auquel on s’est accroché pendant plus d’un an. Oui j’ai été con, oui tu méritais mieux que ça comme rupture. Mieux que ces quatre mots et un départ dans le silence. Mais il faut croire qu’il fallait que ça se passe comme ça. Je n’ai jamais compris ce qui nous liait, ce qui t’avait tenue à moi tout ce temps, sans que je ne le mérite. Aujourd’hui encore cela reste un mystère pour moi. Je me dis que maintenant c’est évident, nous n’étions pas faits pour durer. Bien sûr c’est tellement simple de l’affirmer sans avoir cherché à te revoir.

 
Ce n'est que le début d'une histoire mais qui sait ce que cela pourrait devenir. Ils se sont retrouvés au Chaudron Baveur où l'ancien serdaigle travaille, il y a seulement quelques mois. Il l'a immédiatement reconnue. Ils n'étaient pas forcément proches à l'époque mais elle l'était avec un des plus proches amis d'Ewen, et puis, ils n'avaient qu'une petite année d'écart... Les retrouvailles s'étaient donc effectuées facilement et après quelques mois à se croiser régulièrement tout en se rapprochant, ils finirent par se mettre en couple. Est-ce que c'est le grand amour ? Certainement pas comme ça pouvait l'être avec Jefferson à Poudlard mais cela reste un peu tôt pour le dire. Pour l'instant, ils vivent secrètement leur histoire qui n'est pas encore très sérieuse et seul Merlin sait où cela les mènera.

 
U.C.